Wilchar a pourfendu l’injustice, au prix, souvent, de sa santé, au risque, parfois, de sa propre vie. C’était en 40-45 quand, pour opposer sa détermination à l’encontre de l’horreur fasciste, il fallait aussi faire exploser des bombes et détruire physiquement l’ennemi-tortionnaire. L’homme a payé. Durement.
De l’enfer du camp de Breendonck où l’on tuait, torturait et humiliait sans commune mesure, l’artiste, emprisonné, a ramené d’impressionnantes gouaches témoignages émouvants et furieux d’un temps qui, un demi-siècle plus tard, le mettait encore en colère et en larmes !
Wilchar, l’artiste résistant, Wilchar, l’artiste-poéte combattant, impertinent contre tous les conformismes, rieur et moqueur comme un Bruegel, siffleur contre tous les opportunismes et faux-semblants hypocrites, jamais ne s’est renié. Impertinent à l’égard de ceux qui, en pleine guerre, ont cru à la pérennité du chaos hitlérien, il est resté, toute sa vie, impertinent à l’égard de ceux qui dans une superbe ou naïve arrogance, ne juraient que par la puissance de l’argent ou le culte de la soumission ordinaire. En guerre contre l’omnipotence économique et l’écrasement moral de l’être humain qu’elle induit, il a mené contre eux, avec une identique férocité, ce combat qu’il menait alors contre ces pantins-criminels qui croyaient en l’avènement d’un Reich Millénaire !
…Wilchar, l’ami, artiste impertinent, imagier populaire comme tu aimais à le dire, tu fus de ceux qui, en art et dans la vie, sont, sans concession et en toute modestie, l’honneur de cette humanité un peu perdue dont les bons hérauts, dispersés, se croient condamnés, croient-ils pour la plupart, à un silence ou à une résignation sans retour. Est-ce pour cela que ton impertinence légendaire et tes colères occasionnelles, éclatantes dans tes œuvres peintes ou gravées, nous sont si chères et que ton art nous restera toujours indispensable ?
L’utopie viendra plus tard, tu verras, quand assurés de nos chances, nous serons parvenus à construire les bases de ce monde que tu a réclamé si longtemps et que nous espérons activement avec toi.
Elle sera faite, d’un peu moins d’injustice, d’un peu plus d’équité, d’un peu moins d’arrogance, d’un peu plus de dignité pour tous les humains de cette petite terre si dramatiquement éclatée aujourd'hui.
A ce moment-là peut-être, serez-vous alors, toi et tes amis artistes, non plus considérés comme de simples « amuseurs » occasionnels, exotiques, sources parfois de bien profitables spéculations financières, mais comme des citoyens bien vivants menant avec les autres citoyens du monde, ce dialogue et cet échange de terre et de ciel sans lequel, jamais, l’homme, il y a des millénaires, n’aurait pu naître pour grandir puis laisser merveilles après merveilles au profit des générations qui suivaient…
Toute une révolution déjà ! Tu ne trouves pas ? Tout un programme sur terre, en tout cas, auquel nous atteler au plus vite et en devant duquel, nous mettant collectivement en marche, nous te reconnaissons WILCHAR, la barbe claire…et l’attrappe-souris collé au front de ton chapeau...
Jean-Christophe Yu - Association Culturelle Paul Renotte
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(voir article concernant les centres fermés du 29/3/2002)